Le magazine Parents a récemment
intitulé l'un de ses articles : "On ne
veut plus d'accouchement standard".
On peut y lire que depuis le regroupement
en réseaux des petites maternités, la
qualité de l'accueil et du suivi de la future
maman laisse gravement à désirer dans
de nombreux centres hospitaliers. Rapports déshumanisés,
accouchements à la chaîne... Mais combien
de femmes sont au courant qu'il existe d'autres manières
d'approcher la naissance ? En fait, la demande est assez
paradoxale : de plus en plus de mamans demandent un
accouchement plus "naturel", une plus grande
liberté de mouvement, la possibilité de
participer pleinement au travail, un accueil plus chaleureux
du bébé... Mais elles souhaitent également
être rassurées par l'aspect médicalisé
de l'accouchement, par les installations sophistiquées
et la présence d'un équipe conséquente.
Ainsi, "si les jeunes mamans expriment à
86% leur volonté de vivre cette étape
le plus naturellement possible, elles souhaitent en
même temps, à 90%, être entourées
par une équipe médicale complète".
Les maisons de naissance, elles, ne sont pas suffisamment
connues du grand public pour peser dans la balance :
"Le concept de maison de naissance, en particulier,
reste très flou dans l'esprit du public français
: Ne peut-on vraiment pas y accoucher naturellement...
mais avec une péridurale ? s'interroge par exemple
Sophie."
Le savoir-faire des sages-femmes n'est pas non plus
suffisamment reconnu. Pourtant, elles sont à
même de mener à bien une grossesse physiologique,
et de pratiquer l'accouchement sans la présence
d'un médecin. En Bourgogne, un réseau
a été mis en place autour de la maternité
de Clamecy, menacée de fermeture : des sages-femmes
itinérantes suivent à domicile les mamans
un peu isolées ; les généralistes
sont également davantage impliqués dans
le projet. Cette approche "personnalisée"
semble plaire aux futurs parents, qui choisissent plus
volontiers cette petite structure au détriment
des grands centres hospitaliers de la région.
Mais cette expérience reste marginale et peu
encouragée.
Il est donc essentiel de communiquer en direction
des femmes, afin que toutes les alternatives leur soient
connues. Hôpital, maison de naissance, sage-femme...
Chaque solution devrait être exposée en
début de grossesse, avec une présentation
objective de toutes ses facettes et des conditions imposées.
Afin d'avoir des mamans conscientes et responsables,
qui ne s'interrogeront plus après la naissance
de leur enfant, sur un accouchement idéal et
fantasmé, mais profiteront pleinement de leur
expérience choisie.
Le
magazine Alternative Santé a consacré,
au mois de septembre, un dossier complet à la
naissance, sous le titre "Naître aujourd'hui".
Un ensemble d'articles que nous évoquons ici
sont en total accord avec nos propres positions quant
à la naissance. Sont recencés également
dans ce dossier de nombreuses adresses d'associations,
que vous retrouverez dans notre rubrique "Liens".
"Lons-le-Saunier
: la première maternité amie des bébés."
Cet article présente la maternité
La Ferté de Lons-le-Saunier (Seine-Saint-Denis),
première structure hospitalière à
obtenir le label "Hôpital ami des bébés".
Les principales mesures appliquées dans ce centre
? Un soutien très fort à l'allaitement
maternel (l'hôpital répond aux dix conditions
de l'OMS/Unicef pour le soutien à l'allaitement)
; une organisation du travail et une formation du personnel
dirigées vers l'humanisation du milieu hospitalier
; le respect de la parturiente et de l'enfant : la femme
n'est pas figée dans une position allongée
lors du travail, le bébé est laissé
à sa maman durant les deux heures qui suivent
la naissance, et mis au sein dès la première
demi-heure ; l'intégration du père dès
la naissance : lors d'une césarienne ou d'une
trop grande fatigue de la mère, on propose le
"peau à peau bébé-père"
; le moins d'interventions surmédiaclisées
possible (peu d'épisiotomies, de monitoring...)
Et
pourtant, il s'agit d'un hôpital tout-à-fait
classique, sans orientation "néo-quelque
chose" ; simplement, médecins et personnel
soignant semblent croire aux aspects positifs d'une
naissance moins médicalisée, plus respectueuse
des principaux intéressés...
Pour
information, voici les dix commandements de l'allaitement
préconisés par l'OMS/Unicef :
1. Adopter une politique d'allaitement maternel formulée
par écrit
2. Donner à tous les membres du personnel soignant
les compétences nécessaires pour mettre
en oeuvre cette politique
3. Informer toutes les femmes enceintes des avantages
de l'allaitement maternel
4. Aider les mères à commencer d'allaiter
leur enfant dans la demi-heure suivant la naissance
5. Indiquer aux mères comment pratiquer l'allaitement
au sein
6. Ne donner au nouveau-né aucun aliment ni aucune
boisson autre que le lait maternel, sauf indication
médicale
7. Laisser l'enfant avec sa mère 24 heures par
jour
8. Encourager l'allaitement au sein à la demande
de l'enfant
9. Ne donner aux enfants nourris au sein aucune tétine
artificielle ou sucette
10. Encourager la constitution d'associations de soutien
à l'allaitement maternel et leur adresser les
mères dès la sortie de l'hôpital.
Surmédicalisation
: césariennes, épisiotomies, péridurales...trop,
c'est trop !
En manque de personnel, les maternités françaises
sont loin de répondre aux critères
de qualité et de respect de l'individu qu'on
peut attendre d'elles dans un moment aussi important
que la naissance d'un enfant. Voici un extrait de l'article
qui permet de comprendre comment un geste médical
en entraîne un autre, en raison souvent du surmenage
des sages-femmes : "Dans la plupart des maternités
on immobilise les femmes dès leur admission pour
les mettre d'mblée sous perfusion et pour brancher
le monitoring pendant toute la période de travail.
La perfusion sert à ménager une voie d'accès
veineuse en cas de saignements importants au moment
du décollement du placenta. Dans un service où
le personnel n'est pas débordé, rien n'empêcherait
d'intervenir juste après la naissance. Le branchement
en continu du monitoring ne s'impose pas non plus. C'est
juste un gain de temps pour les sages-femmes qui n'auront
pas à le rebrancher plusieurs fois. Or, si la
femme n'est pas libre de ses mouvements, la douleur
des conrtactions est telle que le recours à la
péridurale devient incontournable. La péridurale,
quant à elle, diminue la mobilité musculaire
du bassin, ce qui perturbe l'expulsion. Qui dit problème
d'expulsion dit davantage d'extractions aux forceps
et qui dit froceps dit épisiotomie..."
La moindre participation de la mère à
l'accouchement, la séparation immédiate
pour les soins du nouveau-né, la mise au sein
tardive, tout cela pour des raisons de gain de temps,peut
avoir une répercussion importante sur le vécu
psychologique de la naissance, et sur le lien mère-enfant.
Quelques
chiffres ? Un taux de mortalité encore trop élevé
en France : environ 12 pour 100 000 naissances, soit
une centaine de décès par an. Un nombre
croissant de césariennes : 11% en 1981, 16% en
1995 et 17,5% en 1998. 71,3% d'épisiotomies pour
des mamans qui accouchent de leur premier enfant, alors
que rien ne prouve que cette intervention soit nécessaire,
voire utiel. Et en 1998, on note 20,3% de déclenchements,
voire 60% dans certains hôpitaux, alors que selon
l'OMS, "aucune région ne devrait enregistrer
des taux supérieurs à 10%".
La
place des pères...
Ou
la difficulté de se situer dans la relation mère-enfant.
L'haptonomie est un moyen privilégié de
permettre au père d'entrer très tôt
en contact avec son enfant, par l'imposition des mains
et par la voix. Les séances apprennent également
à soulager la femme enceinte, ce qui est très
important pour le couple au moment de l'accouchement.
Pour en savoir plus, contacter le Centre international
de recherche et de développement de l'haptonomie
au 04.68.39.42.23 ou par email : cirdh@haptonomy.org
Autres articles : Choisir une maternité
: les questions à (se) poser
Témoignage : Accoucher à domicile
Travail et maternité (les droits de la future
mère)